Quelles actions mettre en place pendant le confinement ?
A l’heure du confinement général de la population française, nombreux sont ceux d’entre nous qui malgré tout continuent à travailler à distance. Alors que les vacances de printemps annoncent généralement le début de la saison touristique pour le secteur patrimonial tout semble désormais en suspens sans date réelle de reprise envisagée. Afin de pallier ce manque d’activité et pour permettre à chacun de nourrir sa curiosité ou d’occuper ses enfants pendant cette période d’isolement, de nombreux sites historiques et établissements culturels s’appuient sur les nouvelles technologies, proposant des actions de médiation ou en mettant gratuitement en ligne de nombreuses ressources. Une médiation numérique bienvenue qui permet de toucher un large public, habitants et visiteurs. C’est pourquoi, nous vous proposons de découvrir ici différents exemples d’outils de médiation numérique pouvant être mis en place.
LAVAL. LE SERVICE VAH MOBILISE SES RESSOURCES.
Petites histoires policières, devinettes ou jeux pour les enfants : pendant le confinement, le service VAH de Laval en Mayenne multiplie les publications sur ses pages Facebook et Instagram. L’animateur du patrimoine, Stéphane Hiland, et ses équipes se sont en effet mobilisés dès le début du confinement pour mettre en avant leurs ressources afin « d’offrir aux internautes des petits moments de détente » comme il le dit lui-même.
Ainsi, sur la page Instagram du service, on est invité à deviner où a été prise cette vieille photo ; quand, sur leur page Facebook, on replonge dans des affaires sordides avec « Laval polar » ou on s’amuse avec ses enfants dans «le coin des patrimômes». Jeu des 5 erreurs avec des œuvres d’art du Musée Municipale, rebus avec des noms d’artistes ou d’architectes, un atelier de création artistique par semaine etc. Des outils de médiation très variés et bien utilisés qui s’appuient sur toutes les ressources de la ville : archives photographiques, fouilles archéologiques, œuvres muséales etc. Le service propose notamment des visites virtuelles à 360 degrés permettant de déambuler dans les bâtiments des bains douche de Laval. Ils valorisent ainsi leur collaboration avec le Service Patrimoine de la Région des Pays de la Loire, pour les photographies, et la mission Archéologie et Inventaire général, pour les textes.
Leurs publications ont trouvé leur public qui s’accroit au fil des publications. Une réussite qui donne à Laval patrimoine plein d’idées : celle de rechercher des vidéos anciennes de la ville ou de créer, avec d’autres services dédiés à la culture à Laval, une newsletter qui rassemblerait des idées pour s’occuper pendant la période de confinement.
TOULOUSE. UN DISPOSITIF NUMERIQUE GLOBAL.
A Toulouse, la ville à développer un dispositif numérique important et varié : fonds photographiques, collections des musées ou expériences inédites, telles que vivre comme un astronaute à la Cité de l’espace, les propositions ne manquent pas. On découvre un travail précis de géolocalisation des crimes les plus célèbres perpétrés dans la ville sous l’Ancien Régime, baptisés de noms extravagants : « Baby vitriol » rue Saint-Michel, « Fatal coup de pied » rue Peyrolières, ou encore « Les charrettes de la mort », rue de la Pomme, voilà une promenade vraiment inédite ! Les musées toulousains proposent, eux, des contenus pour les adultes et les enfants. Les collections des musées des Augustins, Saint-Raymond, Paul Dupuy, Georges Labit ou encore le Musée d’histoire naturelle sont disponibles sur le catalogue en ligne 2000ans2000images. Cette action permet même d’accéder à certains des trésors habituellement cachés dans leurs réserves. Pour les plus jeunes une petite galerie de modèles 3D de certaines de ses œuvres ou encore des coloriages inspirés d’œuvres des collections sont à télécharger chaque jour sur le site ou les réseaux sociaux des musées.
Sur twitter, le couvent des Jacobins partage avec le hashtag #CultivezVousCloîtrésChezVous des histoires à lire. Dans le premier épisode, vous découvrirez par exemple l’histoire de son palmier, cette colonne de pierre couronnée de 22 nervures à 28 mètres de hauteur. Le site des archives municipales quant à lui, met des milliers de documents à la disposition de tous, 24 heures sur 24. On y trouve des photographies anciennes, des cadastres, des cartes, des contenus généalogiques, des documents administratifs, des photos de Jean Dieuzaide. Le portail Urban hist permet aussi de visiter la ville virtuellement grâce notamment à des vues à 360 degrés de Toulouse.
De nombreux autres établissements culturels de la ville ont lancé des offres de partage en ligne. La Halle de la Machine propose par exemple un programme intitulé “La machine à la maison”. Il invite à dessiner son célèbre Minotaure, à inventer sa propre machine, en téléchargeant des croquis de François Delarozière et une fiche technique. Ou encore à créer un jeu inspiré de l’univers de la Machine.
L’accès à ces nombreux contenus numériques a été pensé aussi bien pour les visiteurs que pour permettre aux Toulousains eux-mêmes de redécouvrir la Ville rose.
ANGERS ET RENNES. DES DISPOSITIFS PRE-EXISTANT.
A Angers, le Service VAH et l’agence photo 360Images proposent une promenade virtuelle dans des lieux emblématiques ou cachés de la ville pendant toute la période du confinement. Un bon moyen de (re)découvrir la ville, sa culture et son histoire. Au moyen d’une carte interactive à 360 degrés, le public peut arpenter l’un 47 sites répertoriés : la chapelle du château, la salle du théâtre, l’abbaye Saint-Aubin ou des lieux moins connus comme l’hôtel de Pincé. A l’intérieur, une vue à 360 degrés et des textes explicatifs. Un dispositif qui n’est pas nouveau et qui avait été mis en place à l’occasion des journées européennes du patrimoine 2018.
A Rennes, le site 360rennes, de courtes visites guidées nous entraînent dans le cœur historique de la ville ou à la découverte de son côté insolite. Mais ce ne sont pas les seules ressources numériques, des collections du Musée de Bretagne à l’Opéra qui se visite sur smartphone, la ville de Rennes mets en ligne de nombreux contenus depuis le début du confinement. La passionnante, visite en 3D du couvent des Jacobins, retrace à la fois l’histoire du bâtiment et sa transformation en Centre des congrès. Quant au Musée des beaux-arts, il donne accès à son exposition « Etonnants donateurs » sous la forme d’interviews savoureuses.
L’utilisation d’outils technique pré-existants de ce genre, est rapide et permet de valoriser à la fois le patrimoine de la ville et les ressources techniques de celle-ci, pour le plus grand plaisir des habitants et des curieux.
PAU. LA BIBLIOTHEQUE PATRIMONIALE SE MOBILISE.
A Pau dans le Béarn, la Bibliothèque patrimoniale se mobilise pour proposer des solutions alternatives pour permettre à ses usagers de rester informés, de se divertir, ou de s’évader … Sur leur page Facebook, ils publient chaque jour une petite “chronique de confinement” avec un mini-contenu patrimonial : des images, des articles, puzzle, jeux. Le Réseau des Médiathèques Pau-Pyrénées a fait évoluer considérablement son offre numérique : Concerts, documentaires, histoires pour enfants, livres à télécharger, bricolages, accessibles sur le portail des médiathèques de la ville.
Volonté est aussi faite de mettre à l’honneur d’autres outils numériques tel que Gallica, l’application Gallicadabra (liseuse universelle de la Bibliothèque nationale de France spécialement dédiée aux enfants), et l’application bureau et mobile BDnF permet de réaliser des BDs, des romans graphiques ou tout autre récit mêlant illustrations et textes. Le musée des Beaux-Arts de Pau et le Musée basque, quant à eux, proposent chaque jour des œuvres à découvrir en ligne. Des actions de médiation simples et faciles à mettre en place qui s’adressent à un public limité d’adhérents et d’usagers déjà acquis à la Bibliothèque Patrimoniale et au Réseau des Médiathèques Pau-Pyrénées, mais qui permettent de renforcer et d’animer cette communauté.
BRESSUIRE. LES RESAUX SOCIAUX, UN OUTIL EFFICACE.
La Ville de Bressuire dans le département des Deux-Sèvres, propose via sa page Facebook des énigmes en lien avec le patrimoine local. Le principe : reconnaître le site photographié, à partir d’un élément architectural. Corniches, vitraux, girouettes et autres portes sont ainsi mis à l’honneur. Un moyen de découvrir ou redécouvrir le patrimoine sous un angle nouveau. La formule a déjà trouvé son public parmi les habitants bien qu’il n’y ait rien d’autre à gagner qu’un peu d’interactivité sociale, derrière son écran. Les premiers internautes à élucider l’énigme sont notifiés le lendemain lors de la publication de la nouvelle énigme.
Par leur souplesse et leur simplicité, les réseaux sociaux constituent un espace de médiation et de valorisation très accessible pendant le confinement. Ils ne nécessitent pas d’avoir des capacités techniques spécifiques ou de mettre en place des dispositifs importants. Leur animation quotidienne ou hebdomadaire repose uniquement sur de la créativité et peut être alimentée par des ressources photographiques déjà existantes.